mercredi 10 octobre 2012

L'"Homme Premier" à Chilhac ? Le point sur l'enquête

Ces cailloux ont-ils été taillés de main d'homme ? Ou pas ? Si oui, leur découverte, en 1974, sur le site paléontologique de Chilhac témoigne de la présence (ou tout du moins du passage) d'Homo Habilis il y a quelque 1,9 millions d'années sur cette étonnante coulée de basalte surplombant la rivière. Rien moins que la plus ancienne présence de l'homme connue à ce jour en Europe !
Les galets aménagés de Chilhac (DR)
Mais la trouvaille de Christian Guth et d'Odile Boeuf (de l'Université de Poitiers), bien qu'un temps authentifiée par un collège de scientifiques, a vite été remise en cause. Pour certains experts, ces outils primitifs seraient impossibles à dater précisément ; pour d'autres, leur nature même d'artefacts n'est pas avérée et leur forme, leurs éclats, leur tranchant seraient le résultat de phénomènes naturels. Pour Odile Boeuf en revanche, "ces galets aménagés proviennent des sédiments fossilifères non remaniés, trouvés avec la faune, ils sont donc contemporains de celles-ci". De plus, ajoute t-elle, "leur constitution pétrographique diffère de celle des roches environnantes. Ils ont donc été apportés !"
Exposés au musée Christian Guth (situé sur la place du village), ces objets énigmatiques côtoient les squelettes indubitables d'une faune tropicale qui vivait ici, dans la savane et parmi les volcans en activité, voici près de 2 millions d'années : éléphants, mastodontes, rhinocéros, antilopes, tigre, hyène... (Ce qui, par parenthèse, tend à prouver que si le galet fait question, "l'éléphant est irréfutable" comme l'affirmait non sans raison Alexandre Vialatte)...
Ceci étant, l'enquête suit son cours. Après de longues années d'interruption, les fouilles ont en effet repris cet été dans le paisible vallon du Rabioulet. Le pape des paléontologues, Yves Coppens soi-même, a honoré Chilhac de sa visite, confirmant par là (présence d'hominidé ou pas) l'importance scientifique majeure du site.
Dans Le Colosse de Maroussi (1941), Henri Miller évoque sa découverte de la vallée de la Dordogne et écrit : "Rien ne m'empêchera de croire que si l'homme de Cro-Magnon s'installa ici, c'est qu'il était extrêmement intelligent, avec un sens de la beauté très développé".  Je cois quant à moi la même chose s'agissant de l'Homme Premier et de la haute vallée de l'Allier ! visiter le musée





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